Jehan Pirlouit France |
Posté le: 21/8/2004 18:51 | Sujet du message: Absurde, abus et arbitraire en psykiatry | |
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CONTES DE LA PSYCHIATRIE ORDINAIRE
CE QUI SE PASSE DANS LA CLINIQUE « LA PERGOLA » A BEZIERS
M. Jean-Michel MANDAVY Béziers samedi 24 juillet 2004
Madame la Directrice
INTRO
La désobéissance civile est un devoir lorsqu’elle va à l’encontre des principes fondamentaux de la République et des Droits de l’Homme. Elle l’était pour les résistants face à Pétain et à sa milice, elle l’est aussi envers les lois répressives, absurdes, et aberrantes de votre établissement. De toute manière, les lois de la République ont préséance sur celle de cet établissement, bien que, je l'admette, certains aménagements doivent exister afin de protéger les malades contre eux mêmes (suicide ou TS) et les protéger aussi de possibles agressions de la part d'autres malades. Mais ne vous substituez pas à ces agressions par vos règles absurdes et agressives !
« Je ne suis pas là pour jouer au gendarme... » Avez-vous dit ce soir du jeudi 22 juillet. Cependant, et dans le même temps, vous avez joué au gendarme ! Ou peut-être avez-vous dit quelque chose de plus subtil comme : « Ne m'obligez pas à jouer au gendarme » : ce n'est donc même pas VOUS qui jouiez au gendarme mais de VILAINS PATIENTS qui vous y obligeaient ! Une radio, une cafetière électrique et vous voilà dans tous vos états et vous confisquez ces dangereux engins ! Du même coup vous énervez tout le monde, vous stressez et frustrez les patients. Vous avez appris sans doute que des résidents et résidentes dansaient à la musique cette radiocassette : pour vous cela équivaut à quelque chose de licencieux, en tout cas d'antiréglementaire.[Les patients ont pris des initiatives pour se distraire un peu. Non seulement ont le leur interdit, mais on ne leur propose aucune alternative à part fumer. Pourtant, fumer tue ! Fumer nuit à la santé ! Etc.] Savez-vous qu'hors de cette clinique des gens font ça très souvent et en de maints endroits ? Je comprendrais que vous soyez scandalisée si, à l'instar des gens « normaux », ceux d’hors la clinique, la consommation d'alcool – voire d'autres substances – aurait été associée à ces petits pas de danse très innocents. Mais ce n'était pas le cas. Dans d'autres cliniques ces petites « boums » sont même carrément organisés pour que les patients renfermés retrouvent une sorte d'élan vers davantage de sociabilité. Et vous -- sans doute – y voyez des « activités à caractère sexuel » avec tout le dégoût que semble vous inspirer cette expression, et le caractère « déviant » de tels comportements. Nous SAVONS de par votre règlement que les appareils électriques autres que ceux utilisant des piles sont interdits dans l'établissement... Mais nous savons AUSSI qu'il est normal de transgresser des règlements iniques et imbéciles. C'est même notre devoir de citoyens de la République (voir l’introduction).. Nous SAVONS, bien évidemment, qu'il y a sans doute quelque chose à « caractère sexuel » [ règlements : toutes relations à caractère sexuel sont interdites dans l'établissement. Autre partie du règlement : les patients n'ont pas le droit de rendre visite à d'autres patients dans leur chambre. Les familles non plus. Avant ont le faisait et la clinique fonctionnait quand même... En plus on nous impose un autre patient dont la chambre à deux lits : ça n'a aucun sens ! Ça donnait, lorsqu'on était dans un couloir qui n'était pas le nôtre : « où allez-vous ? Vous n'avez pas le droit... Etc. » : très agaçant, très frustrant. D'ailleurs, un gars a été viré parce qu'il avait bravé cet interdit... Ce qui l’a sérieusement ébranlé, car il venait, les jours suivants, voir son Isabelle à l'extérieur, devant la grille. On l'a alors menacé d'alerter la police s'il persistait. Son Isabelle est sortie deux jours après...] dans les « slows ». Mais vous, savez-vous que nous avons des caractéristiques sexuelles ? Que nous sommes anatomiquement, caractérologiquement et émotionnellement « sexués » ? Vous n'êtes pas dans l'établissement qu'il vous faut : celui-ci est mixte : vous ne pourrez pas éviter que des relations -- sentimentales au moins -- se nouent ; que des frôlements ou des baisers naissent de cette proximité des hommes et des femmes. Nous sommes des adultes, voyons ! Mais même les adolescents le font. Et Dieu sait qu’ils sont pourtant au moins aussi instables que certains de vos résidents. Vous n'êtes pas du tout dans l'établissement qu'il vous faut : c'est un poste de directrice de prison pour femmes qu'il vous faut (je les plains, rien que d’évoquer cela !). Surtout pas celui d'une prison pour hommes, puisque certains pervers pourraient avoir des fantasmes à l'encontre de votre personne. Ce serait, en effet de la perversité de leur part : vous êtes si glaciale. J’ose à peine imaginer les sanctions que vous leur feriez subir ! Avec votre manie des interdits de tous genres, je vous verrais aussi bien dans un couvent. Interdire des choses telles que celles que je viens d'évoquer c'est déjà une sorte de comportement très antisocial, ce qui est un comble dans le rôle qu'on vous a confié, mais si en plus vous ne proposez pas d'activités de substitution, il est tout à fait normal qu'un jour ou l'autre (et il y en aura d'autres...) Les patients prennent des initiatives pour se distraire et pour compenser leur manque d'affection, de tendresse, voire tout simplement d'« humanité » envers eux. Par vos interdits vous grossissez exponentiellement les frustrations dont souffrent la plupart des malades de la clinique (ainsi que les transgressions à ces interdits !). Cela aura pour conséquence des comportements agressifs qu’il vous faudra gérer, mais aussi, pour les plus passifs, un renforcement des névrose dépressives jusqu'à, dans certains cas, un renoncement à la réalité, à la VIE qu'on leur refuse, et VIVRE c'est aussi AIMER -- avec tous les rituels, parades et contacts que ce verbe laisse entendre. Mais l’entendez-vous seulement ?
Nous allons évoquer un autre problème : l’ergothérapie. Lors de mon dernier séjour ici, il m'a fallu quelques semaines pour sortir de ma carapace, et le courant ne passait pas très bien avec Martine – l’ergothérapeute de l'époque. Son autoritarisme me blessait puis, comme je ne suis quand même pas rancunier et borné, et que de part et d'autre il y a eu une réelle volonté de dialogue, j'ai commencé à faire du vélo d'appartement et du rameur. Je me suis alors rendu compte par la suite, qu'à raison de deux heures par jour (entre 1 et 2 h, cela variait) de cette activité, et après une bonne douche, mon état d'angoisse et de dépression se réduisait fortement jusqu'à rendre mon séjour dans l'établissement supportable. Pendant ce temps -- aussi -- je ne fumais pas et les journées étaient moins tristes et monotones. [ La vie en clinique psy est seulement rythmée par la prise de médicaments ou des perfusions à certaines heures. Le reste du temps les gens sont dans un « fumatorium » ! Aucune alternative n’est proposée -- ou si peu et restreinte à une heure ou deux heures tous les deux jours en ergothérapie : peinture sur soie, modelage de terre, construction en bois, dessins. Pour le sport, ce qui ne font pas de gym « douce » ou « tonique » pendant une demi-heure, comme moi, on la permission, comme moi, de faire du vélo pendant une demi-heure. Un autre homme faisait un peu de rameur pendant un quart d'heure. Il y avait deux salles de télévision : une pour les fumeurs et l'autre pour ceux qui ne fument pas (rares). L'une des deux télés, celle du côté fumeurs a été détruite par un patient énervé... Depuis cette salle a servi à des gens comme salon de thé et café et qui préparaient eux-mêmes grâce à une cafetière fournie par l'une d'entre nous ainsi qu'une radiocassette où l'on mettait de la musique douce sur laquelle dansaient en slows quelques couples : cela a créer un véritable scandale comme si nous étions entrain de créer un « bordel » dans la clinique, la Directrice étant très rigide et puritaine. Comme il a été dit plus haut, elle a confisqué la cafetière dont elle a pris le broc d’eau qu'elle a versé au dehors et la radiocassette : cela mis en fureur la propriétaire de ces deux objets. Elle a crié en poursuivant la Directrice qui s'est arrangé pour se réfugier dans son bureau dont l'accès a été barré par une porte du couloir de l'entrée de la clinique. Le soir même on a « permis » à cette dame qui voulait tout casser de quitter la clinique avec ses biens récupérés. Son mari, qui avait été mis au courant par sa femme, est venu à la clinique le jour suivant où le surlendemain, je ne me rappelle plus exactement, mais il était fou de rage que l'on est traitée sa femme comme une malpropre. Le mari – tout comme la femme – considérait qu’elle n’était pas encore en état de sortir. L’accès de la clinique, bien évidemment, leur avait été refusé : ils menaçaient la directrice : je ne sais pas en quels termes exacts, mais ç’a été une volée de bois vert ! On m’a rapporté qu’ils avaient cassé des pots de fleurs placés à l’entrée contre le mur et le petit escalier menant à la rue. Par la suite, la directrice a reçue des menaces de mort. Elle a donc engagé un vigile pour la nuit. L’accès au jardin est fermé le matin jusqu’à environ 8h, alors qu’en cette saison, il fait clair mais la porte vitrée et les stores en lamelles de métal sont baissés jusqu’au plancher. Des lèves-tôt fument tristement devant cette porte fermée et dans cette salle manquant d’aération. Même chose le soir vers 19 h à l’heure du repas. A 20 h, cependant, lorsque l’infirmière de nuit arrivait, elle ouvrait volet et fenêtre pour nous permettre de profiter de la fraîcheur du soir jusqu’à 21 h ou 23 h suivant l’infirmière de service… Un matin une femme assez nerveuse et qui avait envie d’aération a demander à une femme de service si elle pouvait ouvrir la porte. Celle-ci lui a répondu qu’elle n’en avait pas le droit (bien qu’elle était en possession des clés, mais tout le personnel tremble devant la directrice qui a déjà renvoyé certains personnels récalcitrants) et qu’il fallait attendre que vienne l’infirmière de jour. La femme, exaspérée a alors ouvert la porte (les stores étaient déjà remontés) à coup de pied. Par la suite la femme de service est venue pour voir l’ampleur des dégâts, mais la serrure fonctionnait encore. La directrice est venue aussi. On lui a dit que ce n’était pas bien, etc., mais on ne l’a pas menacée de renvoi, comme cela s’est passé pour des événements plus bénins. Sans doute par peur de la réaction immédiatement agressive qui serait survenue de la part de cette femme. Cette salle d’ « ergothérapie » possède un potentiel matériel tout à fait intéressant. La nouvelle ergothérapeute a l'intention d'organiser les activités d'une façon très restrictive : un jour (2 h...) consacré à la peinture sur soie, un autre au modelage, etc., et trois fois une heure par semaine pour me permettre de faire mon sport [ vélo d’appartement ]qui est très déterminant pour améliorer mon état d'anxiété, de mélancolie et de dépression. [ en fait cela a été réduit à 3 fois ½ heure par semaine. Par la suite, lors d’une tentative de me grignoter 5 mn sur cette demi-heure, j’ai appris que selon son règlement il s’agissait de 10 mn seulement : ça a envenimé les choses, je vous raconterai cela en fin de cette lettre. Les personnes qui étaient à la peinture sur soie hier était au nombre de 5. Il est prévu qu'elles pourront continuer leur activité seulement la semaine prochaine, pendant deux heures... Autant dire que cette salle -- et les activités possibles y existant -- n'est pas du tout optimisée. Du temps de Martine [ l’ancienne ergothérapeute ]le nombre maximum de volontaires pour des activités de toutes sortes a rarement excédé dix personnes, les autres se plaignant dans le salon fumeur en disant qu'elles s'ennuyaient et qu'il n'y avait rien à faire « ici ». Maintenant viennent s'ajouter à ses « ennuyés » passif, des personnes qui voudraient bien faire quelque chose mais qui en sont empêchés par la nouvelle ergothérapeute. Je sais, cependant, que cette dame cherche à s'organiser et je lui laisse donc l'excuse de la débutante pleine de bonne volonté qu'elle est sans doute, et je ne me permettrais donc pas d'avoir un jugement définitif sur ses intentions et sur les possibilités qu'elle permettra aux malades qui ont encore un peu volonté pour créer ou bouger. Mais en attendant, quelques dames et moi-même, sommes extrêmement frustrés : ceci ne fait qu'accroître nos respectives souffrances personnelles. Tout ceci, naturellement, vient s'ajouter à toutes les interdictions dont vous êtes l'instigatrice et qui ont été évoquées au chapitre précédent... [ comme j’en ai fait la remarque plus haut, cette question du fonctionnement de l’ergothérapie – et surtout de l’ergothérapeute – sera évoquée à la fin de cette lettre. ]
Le goûter (café au lait)
Le café au lait se fait avec du café et du lait. Il se trouve que café et lait existent séparément et qu'il doit donc être possible -- comme par le passé -- de faire le mélange. Au lieu de quoi, à ceux qui veulent un café au lait on impose un capuccino en poudre. Ce qui veulent du lait peuvent en avoir, ce qui veulent du café également. Ceux qui veulent un mélange des deux, non ! J'ai remarqué cette chose jeudi. J'ai accepté le cappuccino proposé par Magali, puis je me suis aperçu que l'un de mes voisins avait du café et l'autre du lait : imaginez ma surprise et mon indignation ! Le lendemain (vendredi le 23 juillet, donc) j'ai renouvelé ma demande de café au lait... Cela m'a été refusé. Je me suis mis en colère : « Mais bon sang de bonsoir ! Il y a du café, il y a du lait, il doit bien y avoir moyen de faire un café au lait ! » ai-je crié en tapant sur la table. [ ce qui est tuant, dans cette clinique, c’est qu’il faille se « battre » pour des petites choses de ce genre : c’est ridicule. Tellement ridicule d’ailleurs que la plupart des personnes laissent tomber tout en maugréant. On interdit ci, on interdit ça, on oblige à ceci, on oblige à cela… à quand l’étoile jaune – ou son équivalent – cousu sur la veste des malades ou, plus ordinairement, comme c’est pratiqué dans d’autre clinique du privé ou du publique, le pyjama-maison pour tout le monde pendant toute la journée ? C’est par des « petites choses » qu’on laisse faire qu’arrive des répressions et des régimes plus graves, et c’est pourquoi je (et pas moi seulement) me permet de réagir et de me révolter. Ce soir, à la télé (samedi 0 h 25) « Drancy, dernière étape avant l’abîme ». Une phrase illustrant en « off » les images : « La répression s’accentue. Les juifs étaient des exclus. Ils sont traités dès lors en parias ». Autre phrase : « Sur ordre de Laval, on a livré tous les enfants juifs, ce que les allemands n’avaient même pas demandé… »]J’ai dit quelque chose de plus vulgaire que « bon sang de bonsoir mais je vous me permet de ménager votre susceptibilité. Magali m'a expliqué que c'est son gérant qui l’obligeait à faire ainsi, mais elle a réagit à ma colère et m'a quand même servi un café au lait : c'est donc possible ! Je lui ai suggéré de prendre des initiatives dans le sens du confort des patients et pas de celui de son gérant qu’elle s’est proposée de me faire rencontrer. [ suite à cet événement, le café au lait a été régulièrement servi, et à tous ceux qui le demandaient, la directrice – pour une fois – ayant donné des ordres dans ce – bon – sens. Je crois qu'il faudrait éliminer ce genre d'aberration est exiger qu'au moins le personnel de service et son gérant se comportent un peu plus normalement et répondent à la demande -- pas compliquée du tout -- des patients.
[ La nouvelle directrice réduit les libertés dont nous jouissions auparavant au fur et à mesure des caprices qu’elle se permet sur les bases d’un règlement, dont certains articles relève de l’absurde ou du ridicule – et qui ajoute à nos souffrances de malades – règlement prolongé par des « décrets surprises » (« oukases ») ; le dernier en date ç’a été aujourd’hui (une semaine après ma « libération ») : je suis allé voir mon psychiatre qui a son bureau en face de la clinique. Après la visite je me suis dit que cela me ferait plaisir de rendre visite à certains patients et patientes qui étaient devenus des ami(e)s. L’hôtesse d’accueil m’a dit que les anciens patients n’avaient pas le droit de rendre visite aux autres… Je lui ai fait remarqué qu’aucun article du règlement ne stipulait cela, c’est ridicule. Cette hôtesse d’accueil est très gentille, au contraire de l’autre qui ne m’aurait pas laissé rentrer et qui, si je l’avais fait, en aurait avertit la directrice dont elle tient cet « oukase » qu’elle se serait empressée de faire appliquer avec délectation. Cette hôtesse très gentille m’a dit : « Allez-y, monsieur Mandavy, mais, sachez-le c’est interdit ». Autre « oukase » : Un jour je me suis levé de ma table de la salle à manger alors que nous commencions à souper et, immédiatement, une infirmière s’est dirigée vers moi en me priant de me rasseoir, que « ça ne se faisait pas de se lever de table, que c’était interdit par le règlement, que cela dérangeait tout le monde et, vous vous rendez compte si tout le monde faisait comme vous ? etc… ». Le fameux argument du « si tout le monde faisait comme vous » est un véritable leit motiv dans ce genre d’endroit (de la part de la directrice, des infirmières et des agents de service), comme dans tout établissement où la répression et l’arbitraire sont monnaie courante (usine, chantier, travail saisonnier divers…) J’ai dit à l’infirmière que je ne commet aucun « crime », que je m’étais juste levé de table pour voir et parler à des amis au sujet d’une pétition sur le sujet de la nourriture dont les menus se sont dégradés depuis quelques temps, alors qu’ils s’étaient tout d’abord très nettement amélioré grâce au bon soin de la société « Médirest » qui avait remplacé la « Sodexho » avec laquelle les menus étaient horribles (peu variés, plats normalement chaud servis froids, etc.) L’infirmière à insisté pendant que je continuais à aller de table en table pour obtenir des signatures : rappelons que nous n’avons pas le droit de rendre visite aux autres patients dans leur chambre, il n’y a que le repas où nous nous rencontrons toutes et tous. L’infirmière, donc, a insisté, bornée, obstinée, même quand je suis revenu m’asseoir à la table par la suite, me houspillant, me harcelant, me disant que le règlement disait ceci cela. Or, nulle part dans le règlement il était fait mention de cette interdiction de se lever de table. Devant son insistance à m’emmerder alors que j’avais agit spontanément, cela devenait un acte de provocation. La directrice a été prévenue et m’a convoqué à son bureau (repas non terminé encore) : mêmes balivernes sur « si tout le monde faisait comme vous » et : « Si je vous le permet à vous, il n’y a pas de raison que les autres soient privés de ce droit » « En effet lui réponds-je, mais ce n’est pas pour cela que lorsque je vais me lever tout le monde va faire de même : c’est folie que d’imaginer cela. Dans les restaurants il est courant que… » « Vous n’êtes pas dans un restaurant ici. Vous êtes dans une clinique et il y a un règlement à respecter. » « Montrer-moi donc l’article du règlement qui parle de cette interdiction de se lever de table… » « Monsieur Mandavy, on est pas en 68 et vous n’êtes pas José Bové. » J’avais envie de lui répondre que l’on était pas en 40 et qu’elle n’était pas dans la milice de Pétain à la botte des nazis. J’ai aussi dit que j’agissais en homme responsable et libre et je n’avais aucune arrière pensée « agitatrice » en me levant de table. Elle remets ça : « Mais il y a un règlement et il faut le respecter (son règlement, entre nous soit dit), sinon ce serait l’anarchie. » Elle m’a dit aussi que bien sûr cela ne figurait pas dans le règlement, « …mais est-ce que je vais être obligée de mettre dans le règlement qu’il est interdit de tuer, de voler, de violer ? C’est évident tout cela » « Vous comparez l’action de se lever de table avec des crimes, vols ou viols ??? Mais ça ne va pas chez vous ! D’ailleurs je me sens assez responsable et libre pour ne pas commettre de tels méfaits. La liberté comprends aussi la responsabilité pour que nous puissions vivre en harmonie. Tuer, voler, etc. : c’est cela que vous feriez si vous n’étiez freinée par aucun règlement ? » Elle me répond : « A votre avis » avec un petit sourire énigmatique. Je la regarde un moment puis je lui dis : « C’est très grave ce genre de réponse, Madame ». Et ç’a continué comme ça un bon moment. Je retourne à table, je mange mon dessert, madame la Directrice est devant la porte de son bureau, visible depuis la salle à manger. Les gens qui ont terminé leur dessert, se lève presque tous en même temps. Je lui dis : « Mme la Directrice, je peux me lever de table maintenant ? » Elle m’a lancé son regard « Kalachnikov ».
Ergothérapeute et ergothérapie : Un jour, alors que d’autres personnes faisaient enfin (elle a mis plus de deux semaines à s’organiser dans la salle sans qu’aucun malade ait le droit d’entrée) une activité (peinture sur soie) et que la porte était ouverte, je me suis introduit tout à fait normalement, comme je l’ai fait lors d’autres séjours dans la clinique, pour me diriger vers le vélo d’appartement avec l’intention, évidemment, de l’utiliser. Avant même que j’aie pu franchir entièrement le seuil de la salle, la petite dame se précipite vers moi et me dit : «- Non, vous n’avez pas le droit. Ce matin il y a une autre activité. - Je ne vois pas ce qui dans cette activité empêche que l’on fasse du vélo d’appartement. - Vous n’avez pas à le savoir : c’est comme ça. - Mais ce vélo, là-bas au fond, il ne sert à rien alors ? - Ne cherchez pas d’histoires. Vous ne voulez donc rien comprendre ? (comprendre « c’est comme ça » ! Tu parles !) Vous ferez du vélo un autre jour que j’aurais alors déterminé. - Et pourquoi pas aujourd’hui ? Vous savez parfaitement (je le lui avais dit, et lui avais parlé du fonctionnement de la salle d’ergo avant sa venue) qu’il est bon pour mon mental de faire un effort quotidien d’une heure au moins. - Non, vous n’entrerez pas. Un point c’est tout. Je décide alors d’entrer en l’écartant gentiment de mon chemin et me dirige vers le vélo. Elle se précipite derrière moi : - Monsieur Mandavy, vous n’avez pas le droit ! Vous n’avez pas le droit ! Vous aggravez votre cas ! Je m’installe sans plus de cérémonie sur l’engin et commence à régler les paramètres qui me permettront de contrôler ma vitesse, le nombre de pulsations/minute de mon cœur, et le temps qui passe. Elle continue à me houspiller alors que j’avaiis déjà commencé mon effortd. - Vous ne vous en sortirez pas comme ça ! Je vais être obligée (ce que je peux être méchant, alors !) d’en référer à la direction. Je vais faire un rapport… - Ecoutez-moi : allez donc vous occuper de ces dames là-bas qui ont sans doute besoin de vous, ce qui n’est pas mon cas : je pense pouvoir m’en sortir tout seul. Et je continue de pédaler. Elle se précipite sur le téléphone à l’autre bout de la salle et parle à je ne sais qui. Probablement des infirmières et infirmiers pour lui prêter main-forte pour virer ce dangereux individu ! Mais je m’en fiche et j’ai pédalé pendant une heure sans que ça dérange qui que ce soit (je leur ai demandé, à ces dames) sauf la jeune ergothérapeute (30-35 ans environ. Moi, j’en ai 57). Après cet effort, une bonne suée, puis une bonne douche, je me sentais vraiment revivre et j’avais donc meilleur moral. Le lendemain, mon psychiatre ayant eu vent de mon comportement « déviant » me dit « qu’il faut la comprendre, qu’elle n’a pas encore tout à fait fini la mise en place de ses activités. - NOS activités ! Et moi ? Il ne faut pas me comprendre alors ? Personnellement je sais ce qui me fait du bien. Vos médicaments, OK, mais ce n’est pas suffisant. Dans la journée tous nous nous ennuyons alors, les quelques rares candidats à l’effort ne devraient pas être découragés par cette petite peste, bien au contraire. Faisant montre d’effort d’acquisition d’un peu plus de volonté et d’action nous devrions être encouragés. - Oui, mais vous allez à l’encontre du règlement… - De SON règlement. Pas du règlement de la clinique qui nous vante à l’envi dans son livret de présentation les multiples activités auxquelles peuvent se livrer les patients. Je suis donc OBLIGE, devant tant de mauvaise volonté – et de mauvaise foi – de pallier aux défaillances de l’ergothérapeute – non pas CONTRE ELLE, mais POUR MOI et ma santé. - Vous avez sans doute raison, mais dans ma position de médecin dans une clinique privée, je serais mal venu de vous soutenir, j’espère que vous le comprendrez ? - Vous ne pouvez donc pas faire quelque chose ? Il n’y a aucun moyen de prendre des décisions de type collégiale dans cette clinique ? Chaque soignant fait ce qu’il veut, à la condition que ça va dans le sens du caractère totalitaire de la directrice ? Quelques jours plus tard il s’est expliqué : - La plupart de mes collègues ne s’intéressent pas à ce genre de problèmes. Sur 5 médecins, j’ai été le seul à intervenir en faveur d’un meilleur fonctionnement de l’ergothérapie. Par la suite l’ergothérapeute a convoqué – individuellement – les candidats à une activité et leur a remis un bel emploi du temps sur lequel elle avait surligné les activités qui nous intéressaient. Nous avons pu parler calmement, d’ailleurs je suis un homme de paix. Elle m’a interviewé sur le pourquoi de ma présence ici, s’en est suivie une exploration plus profonde de ma personnalité et de ma vie passée. Elle et moi sommes tombés d’accord – bien que j’y mettais quelques réserves – que je pourrais faire du vélo le lundi, mercredi, vendredi matin pendant une demi-heure de l’ouverture de la salle, à 9 h environ, jusqu’à la demie. Je lui ai tout de même fait remarquer que d’autres personnes pourraient faire du vélo pendant que d’autres faisaient différentes autres activités à l’exclusion, je le comprenais parfaitement, de la relaxation ou du yoga. Pendant les autres activités, plus spécifiquement « atelier », je suis le moins bruyant de la salle, le plus discret, même. Mais NON, rien à faire, elle n’en démordait pas, ça ne peut pas se faire comme JE l’entendais (ridicule : ma proposition était consensuelle) mais comme ELLE l’entendais (ce qui est nettement moins intelligent). OK, bon, ça va, d’accord, j’ai finalement accepté le « deal », puisque c’était ça ou rien. J’avais amené avec moi 2 haltères de 5 kg chacun pour ma propre « re-mobilisation » à l’effort et en vue de faire renaître un peu de volonté en moi. Mais auparavant, c’est ainsi que je fonctionne – et je ne dois pas être le seul – il me faut faire d’autres efforts pendant un certain temps dans une structure établie dans laquelle l’émulation, et la présence d’autres gens en action, joue un rôle important sur mes décisions et initiatives personnelles par la suite. Par exemple : lors de mon dernier séjour, après plusieurs heures de vélo m’est venu l’envie, lorsque la salle était fermée de faire de moi-même, dans ma chambre ma propre gymnastique (haltères, abdos, yoga, etc.) Mais je n’ai jamais pu le faire, car les choses se sont encore dégradées par la suite… J’ai fait mes 3 fois ½ heure pendant une semaine environ, dès que la salle était ouverte. Il n’y a pas eu le moindre problème. Pendant ce temps, d’autres patients faisaient, sous les directives – bienveillantes, naturellement – de l’ergothérapeute de la « gym-tonic ». Un jour j’ai appris qu’une dame répondant au prénom de Christine, souhaitait faire du vélo : son cardiologue le lui avait prescrit à raison d’au moins une heure par jour ! Elle était, elle aussi, révoltée que l’on ait réduit à peau de chagrin son temps d’effort à ½ heure. Dans le planning qui s’en est suivi, on m’a demandé de venir après le temps de cette dame. Pas de problème : j’étais d’accord. Le premier jour où elle s’y est mise, elle a eu un malaise au bout de 10 mn de « pédalo » : pas trop étonnant juste après une prise de sang ! Mais ses malaises ont persistés 2 autres fois. Elle a donc renoncé à faire cette activité, d’ailleurs elle trouvait l’ergothérapeute très peu sympathique et un peu « pète-sec ». J’avais appris que le temps qui lui avait finalement été imparti était d’un quart d’heure, ce qui fait que je me pointait devant la salle d’ergo seulement vers 9 h 1/4. Mais j’ignorais encore qu’elle avait cessé son activité. Un jour j’arrive à 9 h 1/4, par respect pour son temps d’effort, et l’ergothérapeute me dit qu’il va falloir que je libère le vélo à 10 h moins 20,car une autre dame, Mme C., devait faire du vélo car cela calmait ses problèmes de phlébites aux jambes. Voilà qu’on essaie de me grignoter 5 mn. J’ai fait comme si j’étais d’accord et je me suis mis sur le vélo. La dame arrive à la demie et l’ergothérapeute, répondant au prénom de Shakeerah, me dit qu’il va falloir que je laisse le vélo à Mme C. dans 5 mn. Voilà qu’aux premières 5 mn de grignotage viennent se surajouter 5 mn de plus ! Jusqu’où va-t-elle m’emmerder ? J’ai dit alors qu’il n’en était pas question, que je faisais ma demi-heure et que Mme C. pouvait bien attendre 5 mn. Normalement je faisais donc du vélo de 9 h ¼ à 10 h moins le quart. Madame C. avait largement de quoi faire une demi-heure jusqu’au prochain atelier prévu à 10 h 15, mais comme Shakeerah est très paperassière, elle aimait à avoir un peu de temps en solitude pour la préparation du prochain atelier. Ceci relève de sa propre mauvaise organisation, ce n’est pas à moi d’en payer les pots cassés. S’en ai suivi une vive discussion dans laquelle je restais sur ma selle et sur mes positions et elle sur les siennes. Elle a fini par dire que je cherchais des histoires, que j’étais agressif, etc. J’ai dit qu’elle était en train de m’énerver et cela se voyait sur le cadran de mes pulsations cardiaques que je limitais normalement à 130 et qui était déjà à 150. Je lui ai finalement demandé de me foutre la paix, que ce que je faisais n’était pas du tout contre elle, comme elle le pensait, mais pour moi et que j’avais le droit qu’elle respecte un contrat sur lequel il avait semblé que nous étions tombés d’accord. - Oui, mais si tout le monde faisait comme vous… etc. - Vous permettriez lors d’autres ateliers que des personnes fassent du vélo, il n’y aurait pas cette histoire de temps très réduit. - Vous cherchez des histoires, vous m’agressez… - C’est vous qui m’agressez et vous m’énervez, à la fin ! - Bien, puisque c’est comme ça, vous n’aurez plus accès à cette salle. La pauvre Mme C., bouleversée par cette dispute a fini par sortir et Shakeerah a, selon son habitude, fermé la porte à clé derrière elle. J’ai vu par la suite, au premier étage Mme C. et lui ai dit qu’elle pouvait y aller. Elle a dit que c’était fermé. Je lui ai dit que l’on m’avait déjà permis, lorsque la porte principale et intérieure donnant sur le couloir était fermée que l’on avait le droit de faire le tour par le jardin et de pénétrer par une des portes vitrées ouvertes pour l’aération et le confort des patients en activité. Elle m’a dit que non, que l’on le lui avait interdit, mais elle inventait, elle se cherchait des difficultés. J’ai insisté autant que j’aie pu auprès d’elle, mais elle avait peu de braver un interdit inexistant par ailleurs. Le surlendemain, la conscience tranquille et des sentiments de paix plein mon cœur, je me poste à 9 h devant la porte de la salle d’ergo – ou la salle de Shakeerah, plutôt ! Elle arrive, je lui temps la main en signe de paix, je lui dit cessons de nous disputer, de toute façon Christine ne vient plus, et donc Mme C. aura largement de quoi faire sa demi-heure après moi à partir de la demie. - Non, je refuse. Je vous ai dit avant-hier que je ne voulais plus vous voir dans cette salle. - Mais vous êtes vraiment bornée ! Et agressive, en plus : ce que vous me reprochez par ailleurs. Vous ne voulez pas de réconciliation ou, au moins, de conciliation. - Non. Je ne veux plus vous voir. - Eh bien j’attendrais devant la porte jusqu’à ce que vous vous décidiez à l’ouvrir et puis on verra. - Et voilà : vous continuez à être agressif ! - Mais c’est VOUS qui êtes agressive : je vous propose la paix et vous n’en voulez pas ! Que puis-je faire. - Tant que vous êtes devant cette porte, je ne l’ouvrirais pas, et en plus vous empêchez les autres patients de faire leur activité. - Mais c’est VOUS qui avez décidé de laissé cette porte fermée parce que vous avez une dent contre moi : n’essayez pas de me culpabiliser envers les autres patients ! - J’ai attendu une vingtaine de minutes pendant que Shakeerah est allé chercher la directrice qui me dit : - Monsieur Mandavy, je vous en prie, soyez raisonnable, vous empêchez des patients de faire leurs activités. - Mais ELLE m’empêche de faire la mienne, et ce n’est pas moi qui ait les clés de la porte sinon je l’aurais ouverte depuis un moment. La discussion continue sur ce ton en présence de Shakeerah et la directrice, et puis, finalement, exaspéré, et ne voulant pas déranger plus longtemps les patients qui attendaient que la salle s’ouvre je la traite de « Sale petite connasse ! ». La directrice me dit que l’insulte n’était pas une solution. - De toute façon, avec cette demoiselle, il n’ y a aucune solution. Je fini, fulminant et en état de grande nervosité, de pénétrer dans la salle fumeur juste à côté. Par la suite je remonte dans ma chambre au premier étage et je commence à préparer mes bagages. Je redescend ensuite et je passe fatalement devant la porte ouverte de la salle d’ergo où la directrice se tient encore : - Monsieur Mandavy, vous n’allez pas faire du « forcing » j’espère ? - Non, ne vous inquiétez pas. Pour moi l’affaire est close. Cette clinique est un vaste fumoir, il n’y a que ça à faire et j’y vais de ce pas (la salle fumeur est juste à côté de la salle d’ergo.) - Je vous en remercie, me dit-elle, finalement Par la suite, ce vendredi 13 août j’ai rencontré mon psychiatre à qui j’ai raconté mon histoire et lui ai fait part de l’intention de m’en aller, car je me sentais de plus en plus mal dans ce sinistre endroit où l’on s’ennuie, où aucune alternative n’est proposé lorsqu’un interdit était déclaré. Il m’a dit qu’il me déconseillait de m’en aller, surtout en cette période de « Féria » à Béziers, très éprouvante pour les personnes en sevrage d’alcool comme moi. - Ne vous en faites pas, je ne vais pas gâcher 3 semaines d’effort à cause de cette petite personne qui se prend pour la reine de la ruche. - Je vous conseille cependant de rester au moins une semaine. - Non. C’est fini. Je me sens de plus en plus mal et anxieux ici. Chez moi, au moins, j’ai un ordinateur pour m’occuper, des livres et des disques de bonne musique. Il a fini par être d’accord, à regret, mais je suis parti ce matin-là. Lorsque j’ai vu mon psy aujourd’hui vendredi 20 août, je lui ai demandé si vous les psychiatres ne pouvez rien faire pour que cessent ces tracasseries qui augmentent les malaises, névroses, dépressions, etc., des patients. Il m’a dit que non, qu’en clinique privée on ne pouvait rien faire. Je lui ai répondu que pourtant toutes ces conneries sabotaient votre travail de médecin. Une réponse évasive m’a été faite du genre « je ne peux rien y faire ». D’ailleurs il ne peut pas faire grand’ chose, ce cher docteur : il passe en coup de vent à la clinique, on le voit si par hasard on le rencontre, il ne vient pas dans la chambre de ses patients, à moins qu’ils aient été alités suite à un malaise récent, il signe des bons de sortie pour les après midi et les week-ends, point final. Et voilà : ainsi va la vie dans une clinique psychiatrique tout à fait ordinaire. Je sais bien qu’il y en a de pires. A Béziers l’UBP a une très mauvaise réputation : brimades, punitions, camisoles, chambres capitonnées, surmédicamentation, zombification des malades : tout ça pour que le personnel puisse lire leur journal ou discuter entre eux. Des agressions existent de la part des malades, mais dans quelle proportion ont elles été provoqué par le personnel soignant ? Se lever de table, là-bas, et on ligote le malade à son siège, par exemple. Mais ceci devra faire l’objet d’autres témoignages. Je n’ai pas repris mes habitudes alcooliques : je suis resté « clean », mais je suis bien plus angoissé et déprimé qu’ à mon arrivée à la clinique – et ce malgré le traitement que je suis scrupuleusement (anxiolytique, antidépresseurs). En plus mes ordinateurs sont tombés en panne. La souris de celui-ci, par exemple est paralysé. Je suis obligé de faire une sacrée gymnastique de raccourcis-clavier…
Ainsi donc va la vie dans la clinique LA PERGOLA à Béziers.
Autre lettre, du mois d’août, avec des précisions et des suggestions :
Jean Michel MANDAVY le mardi 10 août 2004
Madame la directrice,
J'ai appris que vous aviez reçu des menaces de mort. Je vous prie de croire en mon soutien sincère dans cette épreuve qui, évidemment, doit occasionner en vous une tension insupportable.
Cependant je me permets de vous demander d'être plus libérale sur les « petites » choses dont je vous ai déjà parlé, « petites » choses interdites qui créent de la frustration et de la tension nerveuse aggravée chez les patients, soient enfin permises. Nous n'y verrions pas un signe de faiblesse de votre part, non, bien au contraire, nous vous en aimerions davantage, nous vous respecterions bien plus qu'a l'heure actuelle car, vous vous en doutez bien, les conversations vont bon train sur votre fermeté exagérée, voire tyrannique dans votre rôle, certes malaisé, pas facile, de directrice.
Diriger, gérer ne doit pas être Un prétexte pour nous montrer que, femme, vous pouvez être aussi dure que certains cons d'hommes dont je ne fais pas partie, entre nous soit dit.
J'admets tout â fait qu'il y ait une surveillance serrée pour empêcher tout produit illicite ( drogues diverses, alcool...) de pénétrer dans l'établissement car, sans cela, le travail de l'équipe soignante du psychiatre à l'agent de service serait complètement saboté.
Mais les « petites » choses que sont :
1. la visite en chambre de parents ou d'amis, à la condition qu'elle ne dérange pas le voisin de l'autre lit qui aurait le droit d'en référer à 1’équipe soignante pour que celle ci intervienne pour son confort 2. les petites danses au son de la musique « cool » (pas la techno à fond les manettes ! ) 3. se lever de table occasionnellement pour des raisons de camaraderie ou d'envie pressante 4. la visite de parents ou d’amis l’après-midi du jeudi sous le prétexte que des médecins que l'on ne voit les autres jours que de cours instants (et encore !) le matin se réunissent ce jour la avec, peut être, une partie du personnel, soit 5. des permissions de sortir 5 mn – ou un peu plus – le matin pour faire de la monnaie ou de retirer de l'argent à la banque d'en face se fassent sans permis de sortie signé du médecin. Les infirmières (ou infirmiers) devraient pouvoir le permettre aux personnes dont on sait qu'elles ne commettrons pas de délit, ou de se jeter sous une voiture exprès pour vous embêter, ou de le faire pas exprès parce qu'elles sont bourrées de neuroleptiques
que ces « petites » choses agaçantes prennent fin.
Oui, ces « petites » choses, et il y en a certainement d'autres qui peuvent survenir de vos décrets improvisés autant que de votre règlement, permettez les enfin.
Desserrez donc un peu !'étau dans lequel vous semblez vouloir nous coincer. Nous souffrons assez sans cela, même si cela n'est pas, parfois, évident pour vous.
Ces règlements, décrets à discrétion, etc., existent, je le sais, aussi dans d'autres établissements. Certains sont même quasiment de véritables bagnes et des lieux de torture... A l’occasion, voyez les témoignages sur le Web à l’adresse suivante : http://groupeinfoasiles.org/
Mais, est-ce bien une raison pour déraisonner comme les directeurs des susdits établissements ?
La psychiatrie en France est en retard d’au moins quarante ans – pas seulement par votre faute ou de celles de vos collègues dirigeants, mais aussi à cause des seuls moyens de soigner les gens qui consistent :
a) à endormir leurs souffrances psychiques sous des tonnes de médicaments b) à laisser une seule personne qui ne semble pas pouvoir gérer plusieurs activités de front en ergothérapie (Je le comprends pour la relaxation et le yoga, par exemple, mais pour le reste, vraiment, je ne vois pas en quoi je dérange cette petite dame en faisant du vélo le matin, période de la journée où je suis le plus déprimé). c) Une seule psychologue – bien que très qualifiée – pour ce qui concerne les méthodes psychothérapeutiques (elle est adepte de l’obsolète psychanalyse, mais elle l’emploie bien). J’ose à peine mentionner le « musicologue », très gentil, et qui vient divertir un petit moment (une 20aine de minutes à tout casser) le mercredi quelques très rares candidat(e)s, d’ailleurs.
Vous pourriez contribuer à relever le niveau de cette psychiatrie de l’âge de pierre en embauchant (vous embauchez bien des vigiles…) peut-être une seconde psychologue pratiquant des thérapies plus modernes (systémique, XXX, XXXXXXX XXXXXXXXXXXXX, et j’en passe), un autre musicologue (en plus, n’est-ce pas : je ne veux pas dire par là qu’il faut congédier ce gentil monsieur), et inciter certaines infirmières à être plus humaines avec les patientes et les patients (ce matin une petite vieille à été réveillée à 6 h et lavée contre son gré avec de l’eau encore froide – ce dont elle s’est plaint, sans résultat, la pauvre), etc. Des établissements comme la clinique Laborde près de Blois sont une exemple de cette psychiatrie un peu plus évoluée et humaine que tous patients serait en droit de bénéficier, bien que je n’aie eu que des rapports – écrits et, d’autres, dits de vive voix par des patients et des infirmiers sur ce qu’il s’y passe.
Recevez, madame la directrice, mes plus sincères salutations
Jean-Michel MANDAVY
Voici deux autres lettres datant de février et qui précise l’ « ambiance » exécrable de cette clinique. Vous verrez comme la moindre petite action, la moindre petite demande devient une affaire d’Etat :
M. Jean-Michel MANDAVY Béziers le 16 février 2004 22, rue des petits champs 34500 Béziers : 04 67 49 99 69 e-mail : Jm6mandavy@aol.com
Madame la directrice,
N'ayant pas eu l'intention de sortir cet après-midi, j'avais confié de l'argent à un patient qui sortait pour me faire un achat (Coca-Cola). Il est revenu un peu après me disant que sa voiture étant tombée en panne d'essence, il s'était vu obligé d'utiliser mon argent pour en acheter. Il m'a donc redemandé l'équivalent argent (5€) précédemment confié pour finalement faire ma course. Malheureusement, je n'avais presque plus rien dans mon porte-monnaie. J'ai donc demandé à l'infirmière de mon étage (Nathalie) et à l'hôtesse d'accueil (Cristel) de bien vouloir avoir l'obligeance de m’ouvrir la porte pour aller tirer de l'argent à la caisse d'épargne en face de la clinique avec ma carte bancaire. Cela m'a été refusé de par vos directives. J'ai été obligé d'emprunter de l'argent à un autre patient pour que le premier puisse faire le petit achat que je lui avais demandé. Je rappelle que je n'avais aucune intention de sortir autrement que pour aller à la banque d’en face. Plusieurs situations qui pourraient être simplement solutionnées sont alourdies par vos règles un peu (...) trop rigides. Le même espèce d'événement m'était déjà arrivé la semaine dernière. J'avais demandé à Sandrine -- l'hôtesse d'accueil -- de la monnaie. Ayant répondu qu'elle n'en disposait pas, j'ai donc demandé s'il était possible de m'ouvrir la porte (c'était un matin vers 10 h) pour que j'aille faire de la monnaie à la pharmacie d'en face... et là aussi elle a agit selon vos directives et m'a répondu que c'était impossible (!) J'ai finalement vu (ce jour de la semaine dernière) le docteur Salvaing qui a appelé plusieurs personnes (dont vous-même peut-être) et qui finalement a été en ligne avec l'hôtesse Sandrine et qui lui a dit qu'il n'était nul besoin d'un bon de « sortie thérapeutique » pour faire de la monnaie. En réponse à quelque chose que lui a répondu Sandrine il lui a répondu : « Ecoutez ! Ceci n'est pas la prison de Béziers ! Laissez donc sortir cet homme pour qu'il puisse faire sa monnaie ». Je pense donc que dans des situations où il paraît évident que le patient ne bluffe pas -- pour tenter une « évasion » par exemple -- vous pourriez faire montre de beaucoup plus de souplesse dans vos directives et permettre aux personnels qui nous connaissent -- eux -- de répondre favorablement à ce genre de requête.
Mes plus respectueuses salutations
M. Jean-Michel MANDAVY Béziers le 16 février 2004 22, rue des petits champs (soir) 34500 Béziers : 04 67 49 99 69 e-mail : Jm6mandavy@aol.com
Madame la directrice,
Le protocole qui consiste à obtenir une sortie d'après-midi ou de week-end pourrait être bien plus simple que celui que nous devons suivre (voire subir) actuellement ; plus simple pour nous patients tout comme pour les médecins psychiatres qui pourraient alors passer du temps plus utile dans un sens thérapeutique (déjà qu'il semble qu'ils n’en disposent peu....) que d’être dérangés pour remplir ce genre de petits formulaires ; plus simple pour le personnel administratif qui semble quelque peu débordé parfois. Exemple : Des médecins ayant eu un suivi régulier avec leurs patients avant l'hospitalisation sont -- dans la plupart des cas -- à même de préjuger des réactions de leurs patients lors d'une sortie (qu'ils accordent, de toute façon, généralement). De ce fait l'on pourrait prévoir une case à cocher ou non sur les rapports en possession des infirmiers et infirmières en précisant -- le cas échéant -- certains jours en accord avec le patient et son psychiatre avec la possibilité de changer le « oui » ou le « non » en fonction d'un changement caractérisé du comportement du patient lors de son séjour. Ceci permettrait de soulager bien des tensions qui sont causées par l’attente devant le bureau du médecin ou de « courir » après lui car il ne vient pas systématiquement vous voir... Et ces tensions à leur tour engendrent de l'énervement qui se répercute dans les rapports qu'ont les patients entre eux ou avec le personnel qui les encadre... En particulier lorsque l'on revient bredouille de la « chasse » au médecin et qu'on a donc pas pu obtenir la sortie qui nous aurait permis de relever notre courrier, voir nos amis ou notre famille, et toutes ces petites choses qui sont le quotidien de chacun et ont leur importance dans le maintien d'un certain rapport avec le réel malgré notre hospitalisation. J'espère ne pas trop paraître « donneur de leçons » par les propos tenus dans la précédente lettre et dans celle-ci. Mon objectif serait plutôt d'obtenir un consensus acceptable visant à améliorer pour tous la vie dans cette clinique.
Mes plus respectueuses salutations
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