Ci-dessous un commentaire trouve sur un site de discussion que je trouve tres interessant... ca peut alimenter.
Cher Jean-Luc,
Je comprends tout à fait la position qui est la vôtre, pour l'avoir partagée... Aussi, je sais bien qu'aucun discours ne saurait vous faire changer d'avis... Il n'y a que Dieu qui puisse vous instruire, pourvu que vous le lui demandiez humblement.
Permettez-moi toutefois, sans chercher à vous convaincre, simplement d'exposer de façon succinte ce qu'est la foi de l'Eglise à ce sujet... Je vais le faire en partant du passage de l'Evangile de Jean relatif à la guérison de l'aveugle-né.
Aux disciples qui lui demandent à quel péché imputer l'infirmité de l'aveugle-né, Jésus répond : ni à ses parents, ni à lui. Puis il dit : "Mais la puissance de Dieu devait se manifester en lui"... Difficile à comprendre : Dieu aurait-il pris plaisir à infliger une infirmité à un homme pour que sa puissance put se manifester ? Certes, non !
Si Jésus parle ainsi au passé, c'est parce qu'en cet homme s'est déjà manifesté la puissance de Dieu. "En passant, il vit un homme" : Jésus voit, Jésus guérit. Ce qui est ainsi guérit, c'est l'âme. La guérison physique intervient après, comme manifestation visible de cette guérison de l'âme. C'est en se lavant dans la piscine de Siloé que l'aveugle-né recouvre la vie : cette piscine de Siloé, c'est-à-dire de l'Envoyé, symbolise la source d'eau vive qu'est le Christ.
Il en va de même pour la mort de Jésus sur la Croix. Par sa mort, Jésus remporte la victoire sur la souffrance et sur la mort. Tous les êtres humains de tout les temps sont ainsi délivrés du pouvoir du péché et de la mort.
Mais ils sont ainsi délivrés comme l'aveugle-né était guéri avant de recouvrer la vue. Cette délivrance, elle ne se voit pas encore, elle se vit.
Cette victoire sur la mort sera corporellement manifestée lors de la Parousie, lorsque le Christ reviendra et que la Création sera transfigurée.
Demeure la question, bien évidemment : pourquoi cette Transfiguration de la Création n'a-t-elle pas eu lieu dès la mort de Jésus ? Pourquoi attendre ainsi, pourquoi la Création gémit-elle ainsi dans les douleurs de l'enfantement ?
Face à cette question, il est possible d'apporter de multiples pistes de réflexion, d'échaffauder nombre de constructions théologiques très intéressantes et probablement vraies... Mais, en fin de compte, inutiles...
La souffrance et la mort sont intolérables, mais c'est auprès d'elles que je ressens la présence de Dieu, qui comme Jésus devant la tombe de Lazare, pleure... C'est auprès de la souffrance et de la mort que je prends la mesure de l'Amour que Dieu porte aux hommes, lui qui peut tout sauf contraindre l'être humain à aimer... C'est auprès d'elles que j'apprends à être humain, tout simplement...
Vous me direz que c'est monstrueux de dire cela... Vous me direz : au lieu de pleurer, Dieu ne ferait-il pas mieux d'intervenir ? Je vous comprends... Dieu a créé l'être humain libre de faire le bien ou de faire le mal... Et il respecte cela, je dirais même : il le subis... "La folie de la Croix", écrit saint Paul... Il faut la vivre pour arriver à la comprendre... Il faut que Dieu cesse d'être un savoir et devienne une expérience pour comprendre cela...
Sur la Parole de Dieu, Abraham quitte son pays, sa parenté, sans savoir où il va atterrir. C'est cela, la foi... Un saut dans le vide... Croire en Dieu, c'est une folie... Mais c'est une folie qui libère... Une folie qui rend heureux... "Votre joie, nul ne vous l'enlèvera" promet le Christ a ses disciples...
Mais cela est une expérience... Vu de l'extérieur d'une église, un vitrail est moche, sale, vieux, poussiéreux... Il faut rentrer dans l'église pour en voir la beauté...  |
La souffrance... mais que fait donc Dieu ?
