Je suis la haine au coeur de l'homme, le dévoiement d'un amour absurde, d'une altérité inexistante, que je m'érige en principe désirant y voir là une justification de ce que je suis, incapable de rien comprendre, puisqu'il n'y a d'autre sens au mot comprendre que ce que moi je lui impose alors que je voudrais qu'il s'impose à moi, je ne suis que la haine d'un esprit confus, que l'homme ne peut assumer et doit dévoyer en l'amour de l'autre ou la haine de l'autre, quand je ne suis que la haine de moi, seul être que je puisse connaître sans trop d'illusion... voire ? Ne serais-je que la haine d'un néant qui se veut existant, un néant volontaire, absurde et incompréhensible, incapable de m'assumer, je projette mes désirs vide sur la forme creuse d'un ailleurs inexistant, décidant de l'appeler réalité, franchissant d'un pas inconscient l'abîme des présupposés, je décide de m'appuyer fermement sur les terres des illusions et des les nommer Réalité lieu ultime de la Vérité que j'ai créé de toutes pièces, les pièces d'un esprit solitaire malade et aveugle, orgueilleux et froid, chaud et amoureux...incapable de me pas concevoir, je décide qu'il en sera de même pour le reste qui ne peut qu'exister ou alors je suis mort... lambeau de rêve incertain je m'accroche à mon néant pour en faire jaillir une réalité absurde que je veux cohérente, sourde que je veux signifiante, immatérielle que je veux scientifique, tuant par là la seule lucidité possible qui est la négation de toute vérité possible, celle-ci reposant sur mon propre néant, un porte-manteau si ténu qu'il s'écroule au moindre contact... mais l'illusion a tellement de charme et est tellement reposante... |